Union Européenne : C’est la Crise ! Vive la crise !

L’actualité nationale ne m’inspire vraiment pas actuellement. Ni la violence politique qui, à nouveau, a tué à Paris, ni la désespérante stratégie de communication de notre Président –« la crise de la zone euro est terminée » (sic !!) -, que je considère d’un cynisme grave, n’ont amené chez moi de réflexions en profondeur, méritant d’être partagées avec vous….Le temps permettra peut-être un déchiffrage intéressant de cette triste actualité.

L’envie de débattre et d’échanger avec vous, je l’ai retrouvé à l’occasion de….l’inauguration de la Maison de l’Europe d’Agen et de la venue à cette occasion d’Alain Lamassoure et de Catherine Lalumière.

Les Maisons de l’Europe sont des lieux modestes où se font à la fois de l’instruction civique….européenne (bien utile compte-tenu de la complexité de la construction Européenne) et où se rendent des services liés de près ou de loin à l’Europe. Celle d’Agen et ses 19 formateurs s’est fait une spécialité de l’apprentissage des langues étrangères….ce faisant, elle est bien dans sa vocation européenne, tant il est vrai que l’Europe ne s’enracinera durablement dans nos cœurs que si elle respecte notre diversité linguistique.

L’équipe de la Maison d’Europe d’Agen, aidée par la municipalité, a eu l’audace de se réinstaller complètement en déménageant dans le quartier de Tapie, un des quartiers dits sensibles d’Agen. Elle y installe plus que ses équipes et ses adhérents….elle y installe une présence européenne.Cela méritait bien une vraie inauguration et la venue de deux figures du Mouvement Européen français : Catherine Lalumière et surtout, ….Alain Lamassoure.

Alain Lamassoure ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Lamassoure ) est député européen pour le Sud-Ouest, président de la Commission des budgets de l’Union Européenne, après une belle carrière parlementaire et gouvernementale française. Mais, il est beaucoup plus que cela. C’est un homme qui connait et qui aime profondément l’Europe….et c’est, enfin, un véritable ami d’Agen-même….et des ses élus.

Aussi, à l’occasion de cette inauguration, il ne coupa pas à ma question un peu rituelle : « quoi de neuf, sur le front européen ? » et me surprit complètement en me répondant : « Jean, j’ai deux bonnes nouvelles à t’annoncer » Surprise goguenarde de ma part, tellement l’annonce est saugrenue par nos temps de crise. Je tends l’oreille et soulève mes lourdes paupières ….

« Nous sommes tous ruinés en Europe ! Fort bien, …vive la Crise ! » poursuivit-il « la grande majorité des pays européens sont ruinés, la France comme les autres. A court terme, ce n’est évidemment pas bon pour l’Europe. Le budget de l’Union Européenne a été réduit de 5 % sur la période 2014-2020 et l’absence de flexibilité d’une ligne budgétaire à l’autre combinée à ces réductions entraine pour la première fois de l’histoire de l’Union Européenne, de vraies pénuries budgétaires sur des urgences comme les inondations en Europe Centrale….. Mais à long terme, la musique est nettement plus européenne. Quand on est ruiné, il faut faire des économies….et pour en faire, il faut partager, mutualiser certains postes de défense et l’échelon européen est un bon niveau de mutualisation pour de nombreux domaines stratégiques tels que la recherche, la défense, la politique énergétique. Voilà, la première bonne nouvelle, une des sorties par le haut de notre crise budgétaire, c’est clairement…..l’Europe »

« Et la deuxième bonne nouvelle ? » lui demandai-je, un peu émoustillé par cette première réponse un peu iconoclaste « La deuxième bonne nouvelle est beaucoup plus importante » me répondit Alain Lamassoure, ménageant avec professionnalisme le suspense « La démocratie arrive enfin à Bruxelles ! » …… «La démocratie ! Rien que ça ! D’abord elle est déjà arrivée avec l’élection au suffrage universel des députés européens en 1979. Pour le reste, permets à un militant proeuropéen d’être comme St Thomas :j’y croirai quand je verrai…. » Fut ma réponse presque eurosceptique……

« Et bien tu vas voir et tu seras obligé d’y croire » poursuivit, malicieux, Alain. « En 2014, pour la première fois, le Président de la Commission va être élu par les députés Européens et cette modification institutionnelle est le pied de la démocratie dans la porte des institutions Européennes . Pour le moment, la Commission, véritable gouvernement de l’Union, est sans fondement démocratique et la validation de la nomination bien opaque du Président de la Commission par le parlement est largement symbolique….En 2014, tout change, le PPE et le PSE, les grands partis européens vont mettre au point un mécanisme de désignation de leurs candidats au poste de Président de la Commission. Les candidats, pour la première fois, vont faire campagne dans les 28 pays de l’Union (Croatie comprise) et donc avoir un véritable programme de gouvernement….Pour la première fois, les médias nationaux vont s’intéresser à cette élection enfin incarnée…et vont organiser des débats audiovisuels entre ces candidats. La politique, la vraie, et la démocratie vont enfin rentrés au cœur du pouvoir Européen ….la voilà, ma deuxième bonne nouvelle ! Tu verras, je sais ce qui est entrain de naitre. »

Puis Alain Lamassourre repartit vers son pays Basque et Catherine Lalumière vers Bordeaux. Dans la soirée, tournait dans ma tête cette question que je vous transmets : « Et s’il avait raison ? Et si 2014 était une grande date : celle de la prise du pouvoir par nous, citoyens Européens…. »
Je n’ai pas encore de certitudes, mais j’ai par contre l’absolue conviction après cet échange que plus que jamais la question centrale de notre débat politique pour la décennie à venir sera : Repli national ou poursuite de la Construction Européenne ? » Farouche partisan de la poursuite de construction européenne, je sais maintenant qu’il existe des chemins pour que celle-ci se fasse démocratiquement…et c’est effectivement une grande nouvelle !
Sur ce sujet central, l’échange démocratique est une ardente obligation.
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