Je viens de passer une semaine de vacances, à la montagne et en famille : nos enfants, presque tous, leurs compagnes (soit environ 7 jeunes entre 33 et 27 ans) et ma petite fille, Anouk (9 mois).
Ce qu’il y a de bien avec les vacances à la montagne, c’est le temps disponible, c’est l’après-ski propice aux débats familiaux pour lesquels nous avons une solide tradition.
Et l’édition 2019 des vacances familiales n’a pas manqué à cette tradition solidement établie.
Et le fil rouge de nos discussions fut ?...les Gilets jaunes, bien sûr ?...et bien non, les Gilets jaunes ne passionnent pas la jeune génération Dionis.
Ce qui la mobilise, c’est l’urgence de la transition écologique. Comme tout le monde, j’avais assisté, avec un regard d’ailleurs bienveillant, à la mobilisation des jeunes pour le climat. Comme tous les maires, j’avais accueilli en mairie les lycéens d’Agen lors de leur manifestation pour le climat. Mais, il m’a fallu ce temps fort familial pour mesurer la force de la mobilisation de cette génération, toutes sensibilités politiques confondues, sur cet enjeu.
J’ai trouvé mes enfants, mes nièces et neveux cohérents dans leurs discours et joignant les actes personnels (on roule à vélo, on achète en vrac sans emballage, on mange moins de viande rouge, etc…) aux prises de position demandant des changements de politique publique radicaux dans des domaines très sensibles ( les transports, l’agriculture, l’énergie…).
Même leur père et oncle ne trouvaient pas grâce à leurs yeux : le boulevard piéton, les pistes cyclables, le parc naturel de Passeligne, etc… C’est bien, mais on peut et doit faire beaucoup mieux à Agen. Pourquoi pas ? J'attends leurs propositions concrètes.
Plaisanterie mise à part, j’ai été très surpris par la vigueur de ces convictions juvéniles et par ce qui la nourrit, à savoir une véritable angoisse devant l’accélération de certains phénomènes : le réchauffement climatique, l’extinction de la biodiversité, etc…Et cette angoisse avait de vrais accents de sincérité qui m’ont touché. « Et s’ils avaient raison ?... » n’arrêtait pas de me rabâcher ma conscience, mon petit ange gardien.
J’ai promis de lire le fameux rapport de 30 pages du GIEC pour décideurs politiques (https://report.ipcc.ch/sr15/pdf/sr15_spm_final.pdf voir aussi : https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/10/08/ce-qu-il-faut-retenir-du-rapport-du-giec-sur-la-hausse-globale-des-temperatures_5366333_1652612.html ) et de me laisser interroger par celui-ci.
La jeunesse qui se mobilise pour le climat, me direz-vous, c’est, après tout, une belle histoire.
Oui, si…
Car il y a un si, un bémol. J’ai senti mes enfants sincèrement inquiets sur ces sujets et peut-être ne le suis-je pas assez. J’ai senti que cette angoisse, nourrie par un discours apocalyptique qu’il faut absolument prendre le temps de valider, les portait à exiger des politiques publiques très fortes içi en France et maintenant, dans l’urgence. Jusque-là, pourquoi pas ?
Là, où cela ne va plus du tout, c’est que ce désir de politiques fortes et urgentes en matière environnementale pouvait, pour eux, s’accommoder de politiques autoritaires, court-circuitant très largement et le Parlement et l’Etat de droit.
Et j’ai bien senti la génération d’après la nôtre (j’ai 62 ans) déterminée à faire bouger les lignes, içi et maintenant, sceptique sur le fait que ces politiques puissent être portées par nos démocraties parlementaires et nos Etats de droit.
J’ai affirmé à nos jeunes que s’il y avait une chose qu’avait montré le mouvement des Gilets jaunes, c’est que l’on n’imposera pas de tels changements, sans doute nécessaires, contre l’avis d’une majorité de nos concitoyens.
On n’imposera pas non plus ces politiques publiques de manière centralisée et technocratique.
La transition écologique en France, même urgente, même ardente obligation, ne peut pas se construire contre la démocratie, contre les territoires français. Le rejet de la taxe carbonne au niveau national, par les Gilets jaunes ou la décision par nos agriculteurs de faire, seuls, le lac de Caussade sont malheureusement prémonitoires des déchirures violentes à venir si, par malheur, la tentation autoritaire environnementale prenait corps.
Mais, alors, m’ont répondu nos jeunes : « c’est foutu, c’est trop lent…. ».
Et bien non, je refuse cette impasse entre l’urgence de la transition écologique et le respect de la démocratie. A chacun de faire sa part. L’école doit prendre sa part en ayant pour objectif non seulement la réussite sociale des enfants qu’on lui confie, mais aussi la formation de citoyens éco-responsables. Les associations doivent prendre leur part en portant sur le terrain les innovations sociales les plus prometteuses. Les collectivités locales doivent prendre leur part « en pensant global et en agissant local »…et l’Etat, bien sûr, doit prendre sa part, en faisant sérieusement de la transistion écologique, une de ses priorités.
Sur ce sujet, la construction d’un consensus très largement majoritaire est possible.
C’est en tout cas ma conviction après tous ces débats familiaux.
La transition écologique peut et doit faire consensus. Pour cela, elle doit être irréprochable au niveau démocratique.
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Ravie de voir que ce séjour en Savoie a stimulé les débats familiaux autour de l’urgence écologique. Je partage d’ailleurs entièrement l’avis de mes cousins et frangins : on peut et on DOIT faire plus, et plus vite !
La montagne, ça vous gagne!
Intéressant point de vue mais loin de représenter la majorité des Français (ni des jeunes d'ailleurs). Votre famille n'a peut-être pas les mêmes priorités que les plus modestes. Dans les études d'opinion, le climat est loin d'arriver en tête des préoccupations pour le pays et je pense que l'on peut appliquer ce résultat aux agenais. Par ailleurs, écouter des lycéens qui n'ont aucune formation sur le climat, lire un rapport du GIEC qui n'a rien de scientifiquement avéré, et jouer sur le pathos pour justifier une politique n'est pas responsable. Le climat est la porte ouverte à toute les coercitions politiques, l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Adepte des faits, je préfère rappeler que la France est l'un des pays les plus décarbonnés d'Europe, que sa production de CO2 est inférieure à 1,7% des émissions mondiales. Cessons de vivre dans cette atmosphère anxiogène, la France et la ville d'Agen feront toujous bon vivre en 2050, n'en déplaise à nos ayatollahs du climat.
Un agenais lucide
Bonjour,
il faudrait que de nombreux français lisent tes lignes sur les discussions familiales.
Le principal est de comprendre ce qui se passe actuellement dans la Société.
Communiquer , alerter, faire réfléchir.
Bravo à toi.
Philippe amitiés
Déplacement en Savoie,ski,ce n’est pas très ecolo !!!Sommes nous prêts à supprimer le ski qui est un luxe et bien d’autrès »caprices »de riches!! Le tiramisu importé d’italie les yaourts venus de Normandie par route......et vendus dans un magasin dit Bio!!!!!
Ravis que votre séjour en SAVOIE a été bénéfique, normal (j'ai des origines savoyardes), je plaisante. Plus sérieusement, je suis d'accord avec vous. Le problème est que beaucoup de personnes nous aprouvent mais ne respectent pas toujours la planète, notre terre, dommage !! Et j'ai l'impression que la classe politique a d'autres priorités, encore, dommage !! Pensons à nos enfants et petits-enfants. Je pense que l'école pourraît sensibiliser davantage les enfants et donc les parents.
Existe t il des associations engagées pour l'écologie et la citoyenneté sur le territoire du lot et garonne?... A mettre en avant dans nos écoles et nos rues agenaises pour une ville plus exemplaire et moteur vers cette transition ecologique ? Pour porter des actions novatrices, collectives, pédagogiques .... d'un avenir plus vert et solidaire ? Ca serait un bel exemple de mise en pratique des débats familliaux montagnard !!