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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Plaidoyer (calme et raisonnable) pour les Bassines

Publication : 27/03/2023  |  11:26  |  Auteur : Webmaster
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 Inacceptable en France 

Oui, les images des affrontements de samedi dernier à Sainte-Soline m’ont profondément choqué, comme, j’en suis sûr, une très grande et très diverse majorité de français.

Il peut y avoir, il doit y avoir un débat contradictoire sur les bassines, et plus largement sur l’irrigation et sur notre alimentation. Mais, je me sens le devoir de ne pas être ambigu sur ce que j’ai vu samedi soir. Ce soir-là, j’ai vu l’ultra gauche, ultra-violente aux côtés du mouvement écologiste.

J’ai dit en de très nombreuses reprises que le mouvement écologiste avait eu au niveau mondial un rôle prophétique et que je lui reconnaissais une contribution décisive dans la prise de conscience mondiale en ce qui concerne l’urgence climatique. J’écoute donc avec attention ce que disent, ce que proposent les écologistes au niveau local, chez moi à Agen, comme au niveau national, en France et enfin au niveau mondial. Et souvent, je les trouve convaincants.

J’ai aussi dit que les écologistes n’étaient pas infaillibles et que, pour avoir perdu leur boussole qui devrait faire de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité absolue, il leur arrivait de tenir des positions en contradiction absolue avec leurs convictions centrales. J’ai notamment pointé leurs positions intenables contre le nucléaire, contre le train à grande vitesse et, enfin, contre les retenues d’eau.

Mais, pour en revenir à Sainte-Soline et aux fameuses bassines, la connivence entre l’ultra gauche et le mouvement écologiste était sous tous les yeux samedi. Elle porte directement atteinte à la crédibilité d’Europe Ecologie les verts (EELV) ainsi qu’aux associations qui les soutiennent (FNE, etc.). Et l’écologie politique française est maintenant au pied du mur.  Elle doit faire le ménage dans ses rangs. Elle doit refuser toute alliance, toute manifestation sur le domaine public avec ce type d’extrémistes. C’est un préalable non négociable à tout débat digne de ce nom avec les écologistes de notre pays sur ce sujet vital.

Quand on revient à un débat démocratique et respectueux de l’ordre républicain, alors, il n’y a qu’une seule méthode qui vaille, c’est le débat contradictoire. Cela passe aussi, par exemple, par  la lecture des argumentaires des partisans et des adversaires des bassines  C’est ce que j’ai modestement essayer de faire en allant écouter d’abord les arguments des adversaires des bassines et ensuite ceux de leurs partisans.

De l’argumentaire des adversaires des bassines, j’ai retenu tout d’abord que les bassines étaient la cause d’un déficit hydrique important pour tous les écosystèmes en aval des prélèvements d’alimentation de celles-ci, y compris lorsque le prélèvement est fait en hiver.

J’ai retenu aussi l’argument de l’évaporation d’une partie de l’eau stockée en été.

Enfin, j’ai retenu que ce modèle d’irrigation permettait la survie d’une alimentation d’un autre temps, notamment à base de viande.

 Écoutons maintenant l’argumentaire des probassines : 

1) Leau des bassines est pour l’essentiel une eau en surabondance, lorsque les nappes phréatiques débordent en hiver. Le prélèvement fait ne met en aucun façon en danger les écosystèmes en aval qui bénéficient pendant les mois d’hiver de toute l’humidité nécessaires à leur développement.

Ce point me paraît absolument central. Comme pour les barrages collinaires, les écologistes s’opposent au stockage de l’eau surabondante en hiver et cela, sans véritablement de fondement scientifique.

2) Ensuite, oui, bien sûr il y a plus d’évaporation sur de l’eau stagnante que sur de l’eau dormante. Mais d’une part, l’eau évaporée participe au cycle local de l’eau et d’autre part, les bilans faits sur les bassines existantes ont  montré que cette sur-évaporation était raisonnable par rapport à celle mesurée sur de l’eau courante.

3) Enfin, le débat le plus important, celui sur les usages de l’eau, sur notre alimentation. Comme le dit fort justement Marc Fesneau, notre ministre de l’Agriculture : « Dans les Deux-Sèvres, on produit comme cultures du tournesol et des protéagineux, pour lesquels nous sommes actuellement importateurs nets. Il n’est donc rien de plus favorable pour la souveraineté nationale. On produit aussi des fruits et des légumes, alimentant pour leur immense majorité les habitants locaux. Enfin on produit du maïs et du blé, consommés prioritairement pour l’élevage local. Si ce dernier, le blé, est en partie exporté, cela permet d’éviter que d’autres, la Russie notamment, s’en servent « d’armes de guerre » ».

Eh bien, dans ce débat, comme dans celui des lacs collinaires dans mon département, le Lot-et-Garonne, après avoir pris le temps de lire, de réfléchir, d’écouter, je veux me situer sans ambiguïté.

Oui, l’eau est notre bien commun.

Oui, il faut la partager le plus équitablement possible dans un contexte de raréfaction en été.

Oui, il faut obtenir des évolutions positives à moyen terme (moins de surfaces irriguées, alimentation moins carnée, …), mais, en attendant, il faut vivre et produire en s’adaptant au réchauffement climatique. Il faut que nos agriculteurs vivent décemment dans cet ensemble de contraintes et non pas dans un monde rêvé. 

Et pour cela, dans la région Poitou-Charentes, les bassines font partie de la boîte à outils indispensable pour une capacité indispensable d’irrigation en période de sécheresse. Ceci dit, calmement, sans violence aveugle…

A bon entendeur, salut.

@+,

  Jean Dionis  

Maire d’Agen

 

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