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Inauguration du quai Jacques Aulong

Publication : 05/04/2011  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Allocution de Jean DIONIS
Cher Claude AULONG (frère chirurgien qui a partagé son combat), Claude, Marc et Anne-Maire, enfants et petits enfants, famille de Jacques AULONG
Monsieur PROST directeur du service départemental de l’ONAC, représentant Monsieur le Préfet
Mme PITOUS Conseillère Générale, représentant Monsieur CAMANI (CG)
Monsieur DRAPE, Conseiller Général d’Agen Nord
Mon colonel,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs les responsables d’associations,
Mesdames, Messieurs,

Mes sentiments sont aujourd’hui très ambivalents. Je suis à la fois très heureux de l’honneur que la ville d’Agen s’apprête à rendre solennellement à Jacques AULONG, tout en étant très ému puisque Jacques AULONG aurait dû être des nôtres ce samedi 2 avril.

Le destin en a décidé autrement et Jacques nous a quitté voici deux mois.

Cette cérémonie, nous en avions fixé la date ensemble. Jacques souhaitait qu’elle se tienne au printemps pour que notre soleil du sud ouest éclaire cette journée mais pour que surtout les siens, au sens filial du terme, lui fassent le plaisir d’être présents.

Jacques n’avait pas souhaité mobiliser sa famille, voici à peine un an, pour l’inauguration de son mémorial en l’honneur de ses frères d’armes lot-et-garonnais morts au combat en Indochine. Il souhaitait se consacrer entièrement pour cette cérémonie aux familles et aux associations d’anciens combattants préférant réserver celle de l’inauguration du quai qui portera son nom à partir d’aujourd’hui à sa seule famille.

« je n’aurai pas le temps, je ne pourrai pas me consacrer qu’à eux seuls… je préfère faire autre chose, à un autre moment » m’avait-il dit alors pour justifier ce choix.

Jacques était quelqu’un qui compartimentait aussi à merveille sans heurter.

Le mémorial

Nous avons inauguré le 27 juin dernier le mémorial aux morts pour la France de Lot-et-Garonne de la Guerre d’Indochine. Cet évènement restera dans notre mémoire à tous et dans notre histoire collective départementale.

Cette inauguration ne fut pas seulement une réussite par la présence du ministre de la défense de l’époque. Elle fut une réussite en raison du nombre considérable de familles de combattants, d’associations, de porte-drapeaux… d’amis de toute une vie présents ce jour.

Jacques AULONG n’a cessé d’œuvrer pour la mémoire de ses
Combattants.

Je veux rendre hommage, une nouvelle fois, à Jacques pour sa ténacité en faveur de l’édification du mémorial et son engagement en Indochine en tant que chirurgien des « gueules cassées »

Jacques AULONG s’est investi à corps perdu pendant plus de 2 ans pour l’édification de ce mémorial et Dieu sait que cela n’aura pas été simple avec les réunions reportées et les financements qui tardaient à arriver.

Jacques AULONG qui toute sa vie, depuis son retour d’Hanoï, n’aura cessé de penser à la manière dont il pourrait rendre hommage à ses frères d’armes morts au combat ou qu’il n’aura pas pu sauver alors qu’il dirigeait l’équipe chirurgicale de l’Hôpital LANESSAN d’Hanoï.

Guerre oubliée que celle de l’Indochine. Combattants oubliés que les nôtres et pour certains morts, seuls sur le champ d’honneur. Il était temps, grand temps pour la nation, de faire mémoire, de réparer cet oubli outrageux. Cela Jaques AULONG, l’a compris, l’a senti et c’est pour cela qu’avec ses amis irréductibles, il a mené avec succès ce qu’il appelle son dernier combat.

Trop longtemps, notre pays a voulu honteusement oublier cette guerre et ses fils morts pour elle pendant ce conflit. Cet oubli et cette honte, plus encore que le deuil ont causé des souffrances indicibles aux proches des soldats disparus. Petit à petit, grâce à des hommes comme Jacques AULONG, la France et aujourd’hui le Lot-et-Garonne regardent à nouveau la totalité de son Histoire en face et honorent ses fils oubliés.

Ce sera là, hélas, le dernier combat, puisqu’à peine 7 mois plus tard Jacques allait rejoindre ses frères dans l’au-delà.

La vie publique

Jacques AULONG venait d’avoir 90 ans, le 12 décembre.

Sa vie fut un parcours rempli de courage et de dévouement au service de l’action publique. Une vie exceptionnelle, celle d’un chirurgien militaire pendant la décolonisation, celle d’un professeur agrégé au Val de Grâce, celle d’un médecin et celle, enfin, d’un homme politique de premier plan pour notre département de Lot-et-Garonne.

Jacques AULONG fut ordonné Officier de la Légion d’Honneur en 1972, Commandeur dans l’Ordre National du Mérite et Chevalier des Palmes académiques.

Né en Algérie, à CHERCHELL, il entre au Prytanée militaire de la Flèche à l’âge de 12 ans. Un enseignement dont les maîtres mots sont discipline et amour de la patrie. Il deviendra chirurgien des armées.

« Je suis entré en médecine comme on entre en religion »

Jacques est mobilisé en 39-40. Il se met, ensuite, au service de la résistance et participera aux combats des maquis de Dordogne avec le groupe Z puis François 1er. Il reçoit la Croix de guerre en tant que médecin-lieutenant FFI.

Il continue à servir au sein des Forces Françaises d’Occupation en Allemagne.
En 1953, en tant que capitaine, il n’hésite pas, par amour de la patrie, à quitter femme et enfants pour rejoindre l’Indochine et l’hôpital De Lannessan à Hanoï. Il y rencontrera le général Bigeard qu’il soignera mais aussi Navarre et Cogny. Une période qui le marquera à vie comme j’ai pu l’évoquer il y a quelques instants par son combat pour l’édification du mémorial. Une période qu’il aura retracée dans son ouvrage « de sang, de boue et d’or ».

Au cours de sa carrière politique il sera Conseiller général pour le département Agen Nord de 1970 à 1994. Durant son mandat, il aura participé à de grands projets tels que : l’extension des écoles de Foulayronnes, la construction du restaurant scolaire, de la Halle des sports et des aménagements de voiries. Jacques sera également Conseiller régional et vice-Président du conseil général de 1978 à 1986, sans oublier la Présidence d’habitalys qui lui permettra de prendre par des réalisations bien concrètes tels que la construction d’HLM.

Pour tout ce que Jacques aura fait pour sa patrie, pour notre département et pour ses frères d’armes morts au combat… la ville d’Agen, les agenaises et agenais, sommes fiers de baptiser ce quai, lieu emblématique des monuments en l’honneur des combattants lot-et-garonnais de nos guerres de décolonisation qu’ont été l’Indochine et l’Algérie, du nom de Jacques AULONG.

Cher Jacques, je m’adresse à toi car la mort est un mystère laissant ouvert l’avenir, je sais, je crois que tu es derrière chacun de nos pas, pour tous ces efforts, ce que tu as fait en tant que chirurgien militaire en Indochine, en tant que Président de l’association du monde combattant pour faire mémoire de nos fils lot-et-garonnais, oubliés là-bas, pour tout ce que tu as fait pour notre département, pour notre ville, pour tout ce que tu as fait pour autrui d’une manière générale, la ville d’Agen veut te rendre cet hommage symbolique en baptisant ce quai de ton nom.

Nous n’avons pas choisi ce lieu par hasard, Agen fera mémoire de toi, ici proche du mémorial pour lequel tu t’es tant battu, ici sur cette terre dont tu fus l’élu, ici un des plus beaux sites de la ville où se croisent Garonne et Canal.

Car tu mérites cette beauté, ton élégance, ton courage, la beauté du français que tu parlais répondent en harmonie à cette beauté naturelle.

Ici la ville d’Agen te dit et dira merci pour toujours.

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