Départ de Denis Soliveres, Directeur général des Services de l'administration commune

Discours prononcé à l'occasion du départ à la retraite de notre DGS au centre de Congrès le jeudi 27 juin 2019

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil de l’Agglomération d’Agen,

Mesdames et Messieurs les Maires et anciens Maires des communes adhérentes à l’Agglomération d’Agen,

Mesdames et Messieurs les adjoints et conseillers municipaux de la Ville d’Agen,

Mesdames et Messieurs les invités de Denis et de la Ville et de l’Agglomération d’Agen, en vos rangs et qualités,

Mesdames et Messieurs les agents territoriaux de l’Administration commune de la Ville d’Agen,

Chère Christiane, Cher Denis,

En préparant ce discours, j’ai immédiatement pensé à Bossuet et à Clémenceau.

A Bossuet et à sa fameuse oraison funèbre de Marie-Henriette d’Angleterre, héritière du trône de France, morte à 26 ans dans des conditions toujours non éclaircies : Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame est morte ! 

Je pourrais parodier Bossuet et m’exclamer :

« Denis SOLIVERES partirait, Denis SOLIVERES part aujourd’hui, et demain, Denis SOLIVERES est parti hier.

Il est des nouvelles qu’on a, en effet, du mal à croire tellement ce qu’elle annonce semble incroyable, tellement Denis SOLIVERES, depuis onze ans, fait corps avec la Ville d’Agen, avec l’Agglomération d’Agen.

Alors, des esprits cultivés, pour nous vacciner contre toute angoisse excessive, citent en boucle Georges Clemenceau : 

« Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui ont tous été remplacés ».

Et Clemenceau a raison. 

Demain, le soleil se lèvera sur l’administration commune d’Agen et, après un suspense insoutenable, je peux vous annoncer que ce ne sera pas la fin du monde, demain, après le départ de Denis.

Pas la fin du monde certes, mais, c’est clairement la fin d’une période.

Une période 2008-2019 qui a été une Belle Époque  pour Agen, pour la Ville comme l’Agglo.

Personne ne conteste sérieusement la qualité du bilan de cette période. 

Bilan collectif, certes et je pense d’abord à mes collègues élus avec moi et à l’Agglomération d’Agen. Oui, Agen a été servi par deux très belles équipes d’élus pendant cette époque.

Mais le Directeur Général des Services est responsable. Il est responsable aux côtés du Maire et du Président de l’Agglomération d’Agen.

Ce bilan un peu exceptionnel est donc, aussi, le tien ...... Tu peux légitimement en revendiquer ta juste part.

Et ce soir, comme dans la chanson, je suis venu te dire, nous sommes venus te dire, non pas que je m’en vais, mais tout simplement merci......

Ce sera aux historiens locaux d’écrire l’histoire de ces onze ans. Égrener la liste des réalisations faites pendant cette période serait forcément fastidieux.....

Restent les lignes forces,

Restent les images-clé,

Restent les événements qui  ont fait de ces onze ans, une Belle Époque Agenaise.

La ligne-force de ces onze ans c’est d’abord celles « du réveil Agenais ». 

Comme me le disent avec fierté nos anciens : « Jean, Agen a changé, vous l’avez fait bouger.... » comme si cette dynamique agenaise était en soi une bonne nouvelle incroyable. 

Et bien tu pars, ce soir, avec ta part, première, remarquable de ce mérite collectif.

Pour le reste, laisse nos historiens agenais se fatiguer pour dire ce qui revient à Jean, à Henri, à Pierre, ou à d’autres... ou à toi Denis.....

Reste l’image-clé ......si je devais en garder une pour illustrer la dialectique subtile, secrète, entre un élu et son DGS, ce serait la belle image architecturale du  Centre des congrès.....

En effet, combien de fois, j’ai voulu arrêter ce projet.

Je te disais : « Trop cher, 14 Millions d’euros pour des congrès, n’y pense même plus ».

Je te disais aussi : « nous sommes trop seuls, le Conseil Départemental 47 ne nous suit pas et le Conseil Régional nous fait l’aumône, tu vois Denis, je te l’avais bien dit.... ».

Je te disais enfin : « Trop tôt, à propos du partenariat public-privé avec le Groupe La Dépêche, et pour une fois, c’était moi qui dégainais le célébrissime, « cela ne marchera jamais » ».

Et Toi, Denis, je ne sais pas encore pourquoi, tu y croyais à ce projet. Tu y croyais contre vents et marées,

Je te revois encore me dire :

« Jean, et si la Ville d’Agen qui le peut y mettait 1 million d’euros ..... »

« Jean, le Groupe La Dépêche est sérieux. Ils vont venir. Ils vont prendre leur part. Ne ferme pas tout de suite le dossier... ». 

Je n’ai pas fermé le dossier. Le Centre des congrès est là.

Merci aussi pour cette subtile obstination tout en restant toujours, comme tu aimais le dire, à ta place. 

Reste l’évènement fondateur et c’est clairement un évènement double et symétrique : les conseils de quartier et la mutualisation des administrations municipales et communautaires.....

Conseils de quartier : Nous sommes en juin 2009. Je revois Georges Maisonnave, notre Ingénieur en charge du Centre Technique Municipal pour qui j’ai affection et respect venir dans mon bureau me supplier de ne pas mettre en œuvre ce qui était pour lui un suicide politique.

Mutualisation : Janvier 2015. Je ne peux revoir sans sourire la stupeur de Marcel VINDIS, qui connaît bien et l’histoire et la musique de la Ville d’Agen lorsqu’il apprit nos projets de mutualisation. 

«  Monsieur le Maire, quels services allez-vous mutualiser? » 

«  Marcel, tous » 

«  Comment ça tous  ? Ce n’est pas possible »

«  Si Marcel, on va le faire »

Et je te revois, toi, Denis, me dire, à la fois, pour les quartiers, comme pour la mutualisation, grand territorial, mais aussi un peu moine-soldat : « ok Jean, on y va ..... ».

Je ne peux pas faire ce discours sans rendre hommage à ta capacité de travail et à ta légendaire réactivité à l’évènement.

Tu ne supportes pas, à juste titre, la caricature qui est faite des fonctionnaires territoriaux et tu mets un point d’honneur à répondre vite, à rendre service, toujours, tout le temps.

Certains, dont je tairais les noms, t’ont surnommé le Lucky Luke des SMS et autres mails.

Pour toute cette énergie, personnelle et communicative, merci.

On attribue au Pape Jean XXIII la citation suivante :

« Les hommes sont comme le vin. Certains d’entre eux virent au vinaigre, mais les meilleurs s’améliorent avec l’âge ».

Quand je t’ai recruté en 2008, j’avais reçu des avis et recommandations de très haute volée, Patrick OLLIER, le Président de la Commission économique de l’Assemblée Nationale, François CHOLLET, Vice-président de la Métropole toulousaine, et bien d’autres, qui me disaient tous la même chose : 

« Prends-le. C’est un Haut fonctionnaire exceptionnel. Il va te faire tourner la machine. Il peut y avoir quelques petits problèmes de mauvais caractère.....».

Je me rappelle d’ailleurs ma question lors de notre entretien : 

Moi, un peu perfide : «  on dit de vous que vous pouvez avoir mauvais caractère.... ». 

Toi, tout en fureur contenue: «  Je ne sais pas qui est le « on », mais j’ai mon caractère, pour le reste, je sais rester à ma place de fonctionnaire » … La grande classe, cette réponse.

Je me rappelle aussi l’engueulade que m’avait passée Patrick OLLIER, sans doute un peu secoué par toi-même.....

Reste que onze ans après, tu as fait comme le bon vin. 

Christiane, nous te le rendons, comment dire, je ne dirais pas zen, il ne le sera jamais. Non, n’exagérons rien. Nous te le rendons sage et apaisé.

Demain sera un autre jour. Clémenceau avait raison, Denis va être remplacé.

Une page de l’histoire administrative agenaise se tourne. Une époque prend fin. Une belle époque.

Une autre va s’écrire.

Ici, à AGEN, Olivier LAMOUROUX va prendre la relève comme Directeur Général des Services.

Il a tout ce qu’il faut pour réussir.

4 ans d’apprentissage auprès de Denis SOLIVERES et il faut tenir, l’auréole de son succès au concours d’administrateur et même une double vie d’élu de Moncaut et de Directeur Général des Services à AGEN.

Bon vent à toi, Olivier et à la nouvelle équipe de direction qui va se constituer autour de toi.

Pense au poète, pense à René CHAR : «  Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront ».

J’ose ajouter derrière René CHAR, impose ton style, n’aies pas peur d’imposer ton style.

Et toi, Denis, avec Christiane, ton épouse bon retour chez vous à  Castres..... là encore, écoutons le poète, du Bellay, cette fois,

« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,  ou comme cestui-là qui conquit la toison, et puis est retourné, plein d'usage et raison,

Vivre entre ses parents le reste de son âge ! ».

Mais Denis revient au pays ......avec un virus, celui de la chose publique, celui de la politique, dont je peux attester qu’on ne se soigne pas facilement.

Bonne chance donc pour les Municipales à Burlats, en banlieue de Castres.

Franchement, les citoyens et citoyennes de Burlats seraient bien inspirés de te faire confiance. 

Comment leur dire ? Facebook ? Mais M. Bugis, le Maire de Castres, se mettra peut-être en colère. Non, faisons confiance à des moyens plus subtils, le téléphone arabe, ou mieux encore, le Saint Esprit.

En tout cas,  nous vous souhaitons le meilleur et donc la victoire.  Christiane, à toi, de coacher Denis comme un sportif de très haut niveau : pas de tracas inutile, tout doit être fluide et ça va le faire....

Mais plus sérieusement, ne nous oubliez pas ! Ne nous oublions pas !

N’oublie pas AGEN, la ville adoptive de ta fille, Audrey, de ton gendre et de tes petits enfants 

Mais n’oublie pas AGEN, aussi Denis, parce que tu y as construit de magnifiques amitiés et que cela aussi, cela n’a pas de prix. 

Notre relation de travail personnelle Dionis-Soliveres , Jean-Denis en est un bon exemple.

Lentement, comme le bon vin, elle s’est transmutée en belle amitié.

Je fais le vœu que tes amitiés agenaises soient des amitiés durables.

Au nom de mes collègues du conseil municipal d’Agen,

Au nom de mes collègues du conseil communautaire d’Agen,

Au nom de chacune et de chacun de l’Administration commune d’Agen,

Je te dis avec émotion : 

«  Bon vent, l’ami ! »