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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Collectivités locales :Le temps des vaches maigres

Publication : 10/11/2014  |  02:48  |  Auteur : Jean Dionis

La terre tremble dans le monde pourtant convivial des collectivités locales françaises. La crise financière qui secoue l’Etat français est en train de diffuser mécaniquement dans chacune de nos communes, intercommunalités, départements et régions.

Les difficultés financières de l’Etat sont considérables et durables. Un seul chiffre pour les illustrer : un déficit prévisionnel pour 2015 s’élevant à 4,3% du PIB national soit environ 86 Milliards € sur un budget global d’environ 350 Milliards. Ce chiffre de 4,3% du PIB pour notre déficit national montre à quel point nous sommes loin de la norme européenne (3% ) et souligne le caractère structurel et durable des difficultés financières de l’Etat.

Face à une telle situation, l’Etat n’a pas d’autres choix que de faire des économies dans toutes les directions et, notamment, en mettant en œuvre une baisse drastique des subventions d’Etat aux collectivités locales.

Il nous faut prêter attention à cette note de la très sérieuse Association des Maires de France. Elle nous avertit solennellement de la hauteur de la vague budgétaire qui va déferler sur les Collectivités locales. Cette note précise que l’analyse des documents budgétaires prévisionnels de l’Etat sur la période 2015-2017 laisse entrevoir une baisse très sensible des subventions aux collectivités locales.

Le montant de la contribution au redressement des finances publiques demandée aux collectivités locales évoluerait de la manière suivante :
2014 :1,5Mds €
2015 :4,2 Mds €
2016 :6,3 Mds €
2017 : 11,5 Mds €

Ces chiffres, s’ils se confirmaient, représenteraient une bombe à fragmentation dans chacune de nos collectivités locales. Pour la seule Ville d’Agen, la baisse de la DGF pourrait atteindre 2,5 M€ en 2017, soit une baisse de 60% de notre épargne brute actuelle qui se situe à environ 4 M€. Enorme…..

Evacuons d’entrée le débat sur l’opportunité d’une telle baisse. Je n’ai pas voté pour M.Hollande qui a menti aux Français lors des dernières élections présidentielles. Je ne soutiens pas ce gouvernement ambigu, maladroit. Mais, l’honnêteté intellectuelle m’oblige à dire qu’effectivement, il n’y a pas de rétablissement des finances publiques françaises sans réduction du soutien de l’Etat à ses collectivités locales, que notre gouvernement soit de gauche, de droite ou du Centre……

Les choses se durcissent encore un peu si on rajoute au tableau global du pays que la France est, juste derrière les pays scandinaves, le pays où les prélèvements obligatoires sont les plus élevés du Monde : 56% du PIB ! ….il n’y a donc pas pour les collectivités de stratégie de hausse fiscale évidente. En tout cas à Agen, nous avons pris l’engagement de ne pas augmenter les impôts locaux (municipaux et communautaires)

Pour ceux et celles qui refuseront la fuite en avant fiscale, et nous en sommes à la Ville et à l’Agglomération d’Agen, il ne reste qu’un chemin ouvert : celui, difficile, pénible, de la baisse de la dépense municipale et communautaire.

Constatons d’entrée que cette situation est parfaitement inédite : Je travaille dans les collectivités locales depuis plus de 25 ans, je n’ai encore jamais eu à faire face à une telle période de vaches maigres…..

Constatons enfin que la déstabilisation apportée par la baisse des subventions d’Etat est massive et que donc, on n’y répondra pas par les traditionnels petits coups de rabot budgétaire. Vue l’ampleur du défi de la baisse des recettes, il faudra bien répondre par des modifications de structure capables de générer des économies conséquentes d’ici 2 à 3 ans….

Et si on ne les faisait pas, ces réformes ?...Nous serions vite rattrapés par les exigences financières qui s’imposent aux communes (pas déficit autorisé en section de fonctionnement, …).

Refuser l’effort de réorganisations structurelles, c’est se condamner soit à une hausse des impôts, soit à une diminution de notre capacité d’investissement et d’aménageur de nos territoires….

A chaque collectivité d’identifier ce qui lui est possible et souhaitable de faire comme réforme structurelle. A titre d’exemple, à Agen, nous proposons au Conseil Communautaire de fusionner en une administration commune, les deux administrations municipale et communautaire. Pas facile…..Impératif.

Voici donc venu le temps des années maigres….. ….Mais les vaches maigres, la crise, ce ne sont pas uniquement des dangers à éviter, à déminer. Les vaches maigres, la crise, ce sont aussi des opportunités de voir émerger un service public plus compétent, plus lisible pour les citoyens, plus efficace…..

Rien ne sert de pleurnicher. Il faut s’adapter, vite, fort comme le font les skippers de la Route du Rhum lorsque les vents d’orage se lèvent. Hissez Haut !

@+

Les réactions

MAIS QUI VA PAYER

?????????? je ne me pose plus la question : toujours les mêmes.Il est temps de reprendre la Bastille .

Une situation inévitable et prévisible

Au crépuscule d’une vie professionnelle à l’interface entre recherche et industrie, de tous secteurs et d’une trentaine de pays, je souffre encore une fois d’un excès de clairvoyance qui me vaut d’avoir toujours tort d’avoir raison trop tôt.
Parce que j’annonce la situation présente depuis les années 2000.
Observateur attentif de mon environnement, je vois par exemple que :
- Le peuple français ne travaille que 35h par semaine quand tous les autres en font au moins 40. J’ai honte de savoir que, comme tous mes collègues salariés, je suis payé chaque année 9 semaines à ne rien faire. Et pourtant je facture ce temps à mes clients. Quand on est entre nous français, ça passe, mais quand je vends mes produits et services à un américain ou à un chinois, il rit, me remercie de mon offre et passe sa commande ailleurs
- La France a une densité de population (hab/km²) deux fois inférieure à celle de l’Allemagne. Très concrètement, entre deux français il y a deux fois plus de kilomètres à parcourir, par exemple pour moi vers mon client, mes fournisseurs, le facteur, le service des ordures ménagères. Il y a entre nous deux fois plus de lignes électriques, de réseaux d’eau et d’assainissement, de routes et de voies ferrées à entretenir, etc, etc. La réduction des vitesses sur autoroutes empirera encore la situation : moi à 110 pendant que mon concurrent allemand est à 220. Oui oui, c’est la vitesse à laquelle je me fais encore doubler là-bas !!! (non seulement il y a deux fois moins de km à parcourir, mais en plus ils le font deux fois plus vite, soit globalement 4 fois mieux!)
- Les français, en particulier les services publics, achètent des produits sans se soucier de leur origine géographique. Je ne veux pas de protectionnisme (je dois laisser les autres venir chez moi si je veux aller chez eux) ni ne fait de nationalisme (les voitures allemandes sont excellentes), simplement du bon sens et de l’ »intelligence économique» : quand la Communauté d’Agglo d’Agen achète des bus Mercedes, elle donne des milliers d’heures de travail à des ouvriers, des techniciens et des ingénieurs en Allemagne, pas à Lyon (Rhône) ou à Annonay (Ardèche). Les 450 milliards de déficit commercial enregistrés depuis les années 2000 sont autant d’argent que le pays n’a plus parce qu’il l’a donné à ses voisins. Assumons donc d’être grands cœurs !
- Les élites ont orienté tous leurs discours et actions vers le développement des services au détriment de l’industrie, comme si ne valait que les qualités et savoir-faire intellectuels, pas manuels. Les 200 milliards d’excédents commerciaux allemands se font avec des aspirateurs, de l’outillage, des fenêtres, des voitures, des camionnettes, camions et autres machines-outils fabriqués par des armées d’ouvriers.
- Les écoles de commerce forment des spécialistes de la grande distribution qui savent importer mais pas des vendeurs qui commercialisent nos produits partout dans le monde. Quand un élu d’Agen se réjouit des aménagements commerciaux d’Agen sud, il n’a pas conscience de la catastrophe économique qu’il crée dans les villes industrielles de France. Ce qu’Agen n’est hélas (ou heureusement pour elle) pas.
J’en reste là.
J’affectionne particulièrement cette maxime « quand on veut, on peut ». Si les Français le voulaient, ils le pourraient. Mais il leur faut témoigner de plus de courage et d’intelligence.
Bon courage et bonne journée à tous.

ET en plus il faut payer pour des choses inutiles...

Rien ne sert de pleurnicher certes à condition d'utiliser son argent à bon escient.
IL est maintenant certain que l'AA paiera la LGV Bordeaux Toulouse et le TGV ne s'arrêtera pas à Agen ;
La ligne coute beaucoup plus chère que prévue, RFF ne paiera plus ( loi Savary), la ligne n'est pas un axe européen, seul l'Etat participera entre 20 et 30 %, seules les collectivités territoriales paieront donc entre 70 et 80 % . Le privé ou les PPP énorme méfiance car la ligne n'est pas rentable . Pour l'AA cela représente entre 70 et 80 millions.
70 à 80 millions pour quoi faire ?
Tout le monde sai!t maintenant que cette ligne ne sera pas rentable (coûts sous estimés et fréquentations surestimés) c'est ce que dénonce la cour des Comptes sut r toutes les dernières LGV. Ex: 450000 voyageurs TGV à Agen en 2013 en 2025, 2500000 .Impossible. La SNCF a prévenu, elle supprime les arrêts ( 260 actuellement 40 dans le futur). Le rêve de certains se transforme en cauchemar. Payons pour une LGV dans une gare nouvelle et où le Train ne s'arrêtera pas. Félicitations pour ce magnifique choix !!! Dites non à l'EUP. Il est encore temps et refusez de payez. Ce sont les seuls choix.

Economies budjetaires

Bonjour Mr Dionis,
Il est hallucinant de constater que nos politiques de tous bords ne réalisent même pas que les économies budgétaires dans le secteur industriel privé ont débutés aussitôt après le premier choc pétrolier au début des années 1970 depuis les salariés de ce secteur ont subi les réductions de coûts incessantes, les restructurations draconiennes, les licenciements à la pelle et pour finir les délocalisations pour fuir l'assistanat et trouver d'autres marchés dans la mondialisation.
Et qu'ont fait l'état et les collectivités locales et bien, non seulement ils ne se sont pas adaptés mais ils ont continué à augmenter les dépenses publiques certes pour investir mais aussi hélas pour des raisons politiques et sociales donc avec des réélections à la clef qui ont abouti aux faramineux coûts que l'on connait que trop mais que personne ne n'affronte de face.
La sécurité sociale est un panier percé qui continue à payer de tout et n'importe quoi tout en serrant la vis pas forcément là il faut. Quant au "Mille feuille", les politiques et tous les lobbies qui gravitent autour des marchés publics ce n'est pas encore qu'ils vont se tirer des bales dans les pieds.
Cela fait longtemps que tout le monde le sait mais il y avait l'excuse que la paix sociale était à ce prix seulement, à force de tirer sur les ficelles, elles finissent par casser et voilà que faute d'avoir maitrisé les budgets et faire les réformes et bien, il n'y a plus d'argent, le pays est au bord de la faillite avec, sur les bras, une pauvreté rampante, pour l'instant silencieuse, qui n'a plus les moyens de vivre !

Qui doit payer ? : Ceux qui ont profité du système et ceux qui continuent de le faire sans vergogne !

soutiens a M PEUCHOT JACKY

Bravo pour l' analyse qui est bien réelle, pour nous les acteurs économiques de l'entreprise FRANCE .Nos politiques ne comprendrons jamais rien a tous cela ,nous les entrepreneur nous hypothéquons nos bien tout les matins en se levant, alors que eu, ouah, ouah ,je ferait, pas grand chose si ce n est être payer par l'impôt public et même gracement .moie je rentre a la maison et je m' occupe de mon entreprise .BON COURAGE

tenez bon !

L'avenir de l'agenais passe inévitablement par le "grand Agen" , à l'heure des futures métropoles régionales....
Il faut en finir avec les féodalités périphériques , qui ont jusqu'à présent empêché l'essor de la ville centre : Agen !
Il est dur pour les maires des villes limitrophes de concéder qu'un jour , ils seront moins maire que représentant d'une collectivité plus large ; mais il est urgent d'agir , dans l'interêt de tous : la mutualisation ne préfigure qu'une chose : la fusion !
Et il faut fusionner , pour être plus fort , plus crédible dans un futur sud ouest dominé par Bordeaux et Toulouse ! !
De l'audace , toujours de l'audace !
Tenez bon le cap , pour le futur d'Agen !

Non "les vaches ne seront pas maigres" si........

Tout d'abord un grabuge bravo pour cette nouvelle étape de mutualisation franchie hier par l'Agglo d'Agen ! Oui Jean Dionis travaille pour construire un avenir dans un contexte en pleine mutation . Et ce contexte il n'est ni de roite ni de gauche : il est ! Alors oui nous avons besoin d'hommes qui font de la politique en sachant prendre leurs responsabilités dans des périodes ou tout pousse les élus de droite comme de gauche à jouer les M. Le Pen ou les JL. Mêlenchon pour séduire les électeurs à l'approche des cantonales . D'autant plus que ces "nouveaux maires" cherchent à marquer leur territoire en laissant croire que les villages d'Asterix peuvent ressurgir . Il leur faut aujourd'hui tenir leurs engagements d'hier auprès de leurs électeurs et par conséquent charger leur budget de nouvelles dépenses . On comprends alors que l'Agglo qui montre l'exemple en la matière ne soit pas en odeur de sainteté pour ces maires . Un peu de courage et de lucidité seraient les bien venus pour préparer l'avenir des collectivités !
A suivre maintenant les projets des candidats pour les prochaines cantonales......

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