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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

France Télécom : Regard extérieur d’un député solidaire

Publication : 04/10/2009  |  23:57  |  Auteur : Jean Dionis

Osons le dire. Les suicides de France Télécom nous touchent tous. Une enquête d’opinion menée par Opinion Way la semaine dernière le montrait clairement. Ce drame avait été notre sujet de conversation le plus fréquent ces derniers jours.

La raison de cette résonance exceptionnelle est claire : la vie sur le poste de travail est devenue très dure pour un grand nombre d’entre nous et, il faut le reconnaitre, le drame vécu par certains employés de France Télécom est celui de femmes et d’hommes dont le métier est percuté par de violentes transformations technologiques, commerciales entraînant des restructurations brutales dans leur environnement de travail. Cette situation est loin de ne concerner que le seul secteur des télécommunications. Député d’un département rural, je sais, par exemple, le désespoir qui habite aujourd’hui beaucoup d’agriculteurs et je sais que malheureusement ce désespoir a, là aussi, débouché sur de nombreux suicides.

Si les drames de France Télécom me touchent personnellement, c’est d'abord parce que ma femme et moi connaissons, comme nos amis, des agents de France Télécom qui ont vécu, certains, avec succès et fierté, mais d’autres, dans la douleur et parfois l’échec, les mutations professionnelles et géographiques accélérées imposées par leur entreprise ou la sortie en dehors de France Télécom sur des programmes « dits d’essaimage » c'est-à-dire de reconversion sur d’autres métiers. A travers eux, nous avons ressenti les tensions, le stress qui étaient les leurs et comprenons mieux les drames vécus par certains de leurs collègues.

Je ne suis pas de France Télécom. Mon regard aura donc les limites de tout regard extérieur. Mais mon passé professionnel d’ingénieur m’a fait choisir le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) comme un de mes secteurs d’activités prioritaires à l’assemblée nationale depuis 2002. Depuis 7ans en tant que vice-président de la Commission économique et président du groupe d’étude NTIC, je suis, de l’extérieur ce qui se passe dans cette entreprise clé de notre économie. J’ai pensé que ce regard à la fois extérieur et attentif pourrait aujourd’hui avoir une utilité devant le drame qui secoue cette entreprise.

Rappelons d’abord quelques évidences : en quarante ans, la fameuse Direction Générale des Télécommunications (DGT) au sein du ministère des Postes et Télécommunications (créée en 1941 pour accompagner la montée en puissance du téléphone fixe) et ses agents ont du encaissé de très violentes tempêtes technologiques. Celles et ceux dont le travail était de gérer le réseau de téléphonie fixe – réseau cuivre – en tant que fonctionnaires de l’état ont du subir le choc de l’arrivée de la téléphonie mobile (hertzienne), de la naissance de l’Internet, de la téléphonie sur internet……et bientôt du très haut débit sur la fibre optique. Et ces mutations technologiques ont été accompagnées de mutations commerciales toutes aussi violentes. En 1988, la DGT se transforme en France Télécom SA pour répondre à une directive européenne organisant la concurrence dans ce secteur d’activités, mutation vécue dans tous les pays d’Europe par les opérateurs téléphoniques dits « historiques ».

Avec le recul, on mesure bien que la génération de femmes et d’hommes – pour l’essentiel celle qui a été embauchée dans les années 80-90 - qui a encaissé de tels changements éprouve aujourd’hui des sentiments très divers, allant de la fierté d’avoir vécu l’une des aventures industrielles les plus passionnantes de cette fin de siècle à la fatigue devant l’accumulation de ces secousses et ceci étant bien entendu modulé par les forces et les faiblesses de chaque personnalité.

Face à cette histoire collective, on ne peut pas raconter n’importe quoi et dire par exemple, il ne fallait pas privatiser (je rappelle au passage que c’est la gauche de Lionel Jospin qui ouvre le capital de France Télécom en 1997) et faire comme si l’Europe n’existait pas. Tous les discours nostalgiques sur le monopole public me font penser au poète qui avec autodérision proclame : « Arrêtez-le monde ! Je veux descendre…… »…… Le monde ne s’arrêtera pas et nous sommes pour toujours embarqués. Les mutations technologiques se succèderont les unes après les autres. La fibre optique posera dès les prochaines années un redoutable défi à France Télécom puisque pour la première fois de son histoire, elle ne sera pas le seul propriétaire du réseau déployé dans notre pays. France Télécom comme ses concurrents n’aura pas d’autre choix que de s’adapter ……ou de disparaître.

Oui, disparaître…… Car, en ces temps où il est de bon ton de taper sur cette entreprise, nous avons oublié qu’elle est fragile. La crise que nous traversons actuellement aurait du nous ouvrir les yeux : disparition en septembre 2008 d’un des leaders mondiaux des banques d’affaires Lehman brothers, faillite du n°1 de l’automobile, Général Motors…..aucune entreprise n’est à l’abri dans le monde à mutation accélérée dans lequel nous sommes condamnés à vivre.

Et puis, plus près de l’histoire de France Télécom, je garderai toujours en mémoire l’été 2002 où France Télécom était en mort clinique financière et n’a dû son salut qu’à l’engagement de l’Etat à hauteur de 15 Milliards d’euros. Je venais juste d’être élu député. J’ai vu l’action France Télécom s'effondrer à 6,94 euros le 30 septembre 2002, alors qu'elle était à 219 euros le 2 mars 2000……..Grâce au travail de ses 100 000 agents français, l’entreprise réussit un des plus spectaculaires redressements industriels de ce début de siècle.

Il reste que l’équation stratégique de l’entreprise est difficile. Entreprise riche aujourd’hui avec 4 Milliards d’euros de résultat net en 2008 , elle affronte la concurrence à venir lourdement chargée en personnel (100 000 en France pour F.T qui ne l’oublions pas, à la charge du réseau fixe, 10 000 pour SFR-neuf télécom, 8650 pour Bouygues Telecom et environ 2000 pour Free France ). L’honneur de France Télécom est d’avoir gardé les siens contrairement à certains de ses collègues opérateurs historiques, comme British Telecom ou Deutsch Telecom qui ont massivement licencié….

Alors bien sûr, dans un contexte aussi changeant, cela implique reconversions, mutations, stress….et cela nous ramène au drame initial des suicides à France Télécom.

Tout a-t-il été correctement fait pour accompagner ces mutations ? Manifestement non et il est juste de dire que les dirigeants actuels doivent assumer leurs responsabilités dans ce domaine. Mais je me méfie comme de la peste de ce qui ressemblerait à un mécanisme de bouc émissaire.
Couper la tête des dirigeants……et après ? La concurrence et les mutations technologiques ne s’évanouiront pas pour autant.

Au milieu de beaucoup de déclarations insupportables, j’ai apprécié l’attitude de notre Ministre des Finances, C. Lagarde. Elle a fait calmement son travail d’actionnaire principal en examinant avec Didier Lombard, le PDG de France Télécom les actions correctrices à envisager pour piloter une entreprise de cette taille durablement soumise aux mutations commerciales et technologiques. Puis, elle lui a renouvelé sa confiance….

A chacun de nous de faire de même.

@+

Les réactions

La vitesse du SMS VS la génération du temps long.

12000 suicides en France par an pour 160000 tentatives déclarées ... Et une focalisation des journalistes sur FT qui n'arrange rien tout compte fait (des clients résilient leur contrat par "solidarité" avec les "victimes"). Demain la Poste? C'est certain que le chômeur lui n'est pas recensé dans les statistiques du suicide en entreprise : il vaudrait donc mieux licensier que restructurer pour les grandes boîtes qui appliquent des plans sociaux (souvent coûteux) à grande échelle? Ces cas sont toujours dramatiques mais FT n'a pas le monopole ni des télécommunications, ni de la misère psychologique en France.

Dans le management il faudrait inclure quelques comiques bien situés dans les entreprises, d'ailleurs j'apporte toujours ma modeste contribution : chaque fois que j'appelle le service client j'ai toujours une bonne blague à servir aux opérateurs qui sont stressés (pas marrant de se faire traiter d'incapable toute la journée). Et plus d'une fois j'ai entendu un petit "merci, grâce à vous je vais passer une journée un peu plus joyeuse aujourd'hui." Et bien voilà cela commence aussi comme cela la solidarité (quoi que ce mot m'agace car il est sorti à toutes les sauces et figurez-vous c'est Goebbels qui compris cela avant tout le monde, si vous faites un peu d'histoire de la communication politique).

Et puis lorsqu'on a un vrai soucis de synchronisation avec son Iphone, mieux vaut encore trouver de la ressource sur le net : bien des agents FT ne sont pas formés au rythme des évolutions technologiques et sont laissés seuls face à la vindicte haineuse ou énervée de leurs clients. La polyvalence à ses limites .. et le reclassement aussi.

Tout le monde en veut plus, plus vite et pour moins d'argent ... C'est louable mais alors mettons les bonnes personnes (plutôt jeunes) aux bons endroits : c'est un métier et une physiologie intellectuelle la culture SMS. Ce que FT (et d'autres) doit intégrer, c'est que la résolution des conflits et des soucis techniques passe par le support rapide direct et efficace des communautés sociales d'utilisateurs : on trouve un twitter de Free mais pas de FT par exemple et c'est tout à fait symptomatique. J'ai presque envie de dire, la même chose en politique pour conclure.

notre société a besoin d'humanité

Et si on remettait l'homme au coeur du système ? je veux parler de l'humanisme qui fait tant défaut à notre société où tout n'est que rentabilité, compétitivité, concurrence etc...
L'économie entièrement axée sur la recherche effrénée du profit à court terme conduit à ces extrémités, c'est un mode de gestion des moyens humains qui est à remettre en question.

Ce qui se passe à FT est fortement médiatisé, mais le taux de suicide le plus élevé, on le trouve dans la police, l'éducation, le monde de la santé peut être parce que le malaise est lié à la confrontation brutale de la misère au quotidien.
Misère sociale, misère humaine, sur fond de rentabilité, nul n'ignore que la fonction publique se doit aujourd'hui d'être rentable et compétitive, faire toujours plus avec toujours moins de moyens, la fameuse culture du résultat qui instaure la compétition et détruit les individus !
Je tiens à préciser que je n'ai rien contre la compétition et le résultat, ces notions peuvent produire une saine émulation quand on a l'esprit sportif ! personnellement je ne les redoute pas, mais il faut bien se rendre à l'évidence, dans le contexte actuel on assiste à la destruction du lien humain sur le lieu de travail. C'est vrai dans le public, dans le privé de manière plus brutale, dans le milieu agricole etc...
Allez faire un tour à l'hopital monsieur le député, vous êtes un homme ouvert, alors discutez avec les personnels ! si possible sans l'encadrement, vous comprendrez le malaise identique à celui des salariés de FT !
Les évènements de FT (et aussi Renault) sont un miroir de notre société et je vous avoue que parfois j'ai envie de dire stop ! je descends du train pour me retirer dans les montagnes et retrouver la vraie vie ! cette course sans fin est vaine.

Le désespoir ambiant naît aussi de l'absence d'alternative, car il faut bien admettre que c'est un gouvernement de gauche qui, hélas ! reniant ses promesses a privatisé (pardon ! ouvert le capital) FT, air france, asf ... et jeté dans la fosse aux lions des personnels qui n'étaient préparés.
C'est ainsi qu'est arrivé un certain 21 avril 2002 ! après le traité de Maastricht, l'acceptation du traité d'Amsterdam en 1997, la reddition en rase campagne au sommet de Barcelone en 2002...le comble aura été l'arrivée de l'euro !
Le peuple a divorcé de ses élites, mais ne soyons "jamais las de guetter dans l'ombre la lueur de l'espérance !" (CDG) et demain un projet humaniste nous apportera peut être un peu de lumière ! comme disait Léon Blum dans son ultime chronique : "je le crois parce que je l'espère, je l'espère parce que je le crois !"

Arretez avec l'europe

Alors que l'actualité irlandaise nous remémore le non au referendum sur el traite consitutionnel, vous ne pouvez pas, vous dire que france telecom est passé en statut de société de droit commercial a cause de l'europe.

Il s'agissait et s'agit toujours d'un choix politique murement réfléchit. Le choix de dire que les télécommunication ont cessé d'être le monopole naturel qu'elles étaient de par l'énormité des investissements nécessaires à la construction de l'infrastructure fixe. Et ce choix a été le bon si on regarde ce qu'ont pu amener les operateurs et FAI privés en terme de fonctionnalités, d'offres commerciale et de tarifs.

Ce sont certes de très gros changements qu'ont subis les employés de FT, mais de tels changements peuvent s'effectuer en été accompagné par la direction de l'entreprise. Un défaut de management ne doit pas être mis sur le compte de l'europe par le biais de la privatisation ou du changement de statut; le raccourci est malhonnète intellectuellement et ravageur pour l'image de l'europe dans notre pays, et dans les autres pays de l'union. Certes ce raccourci vous ne le faites pas, mais ce qui chez vous n'est qu'n rappel historique devient chez certais un lien de causalité.

Les suicides à France Telecom

L' Entreprise France Telecom doit certaibement revoir son Management. Ces drames ne doivent toutefois pas masquer le fait que ce nombre de suicides dans cette Entreprise n'est pas supérieur pour 100.000 habitants à la moyenne Nationale sur un an:
11.000 suicides, 16,5 pour 100.000 habitants. Par contre pour une seule entreprise, cela pose problème. Le secteur professionnel le plus touché est le monde agricole.

Soutien a Francis Brunet

Tout-a fait d'accord avec toi merci de le rappeller car bien evidamentce n'est pas mediatiser aux grandes heures d'ecoute et cela passe inaperçus

LA BAS ...tout est ...

Il y a ..des annees au JAPON ;pour manque de réussite scolaire ou
professionelle ,on mettait fin a ses jours !
Il y a.. moins de temps cette solution extreme a augmenté en FRANCE . en temps de guerre (eco) ,on dit dommages collateraux!


Santé ,diminution des places ,ETC...pourtant le trou S.S :encore la
Enseignants dans des classes nombreuses ;difficiles ,en + critiqués
Policiers ,le fils de mon voisin s'est scuicidé ,travail ,insultes ...
Et bcp d'autres secteurs d'activité ,artisans ,agriculteurs;poste,
prisons Et drames ,scuicides collectifs
Pensees a mon copain d'enfance ,toi charpentier pour des ennuis sentimentaux ...la corde, Toi collegue de travail,parti a cause de
traumatismes de ton enfance ,et d'ennuis financiers .Toi JACQUELINE .VIOLEE, JEUNE par ton oncle ,tu as pris ce qu'il fallait
pour ne plus te reveiller ,tu m'avais fais voir ce livre "comment se scuicider sans douleur" ( retiré pas assez vite ) je te l'avais échangé
contre G.LAGAFFE,pour le bruler (pensees a tes 2 enfants)
Et 36 ans d' infirmier psy ,j'en ai vu de la souffrance , tentatives de scuicide ;equivalents comme alcoolisme ,drogues dures, enfants ;
meres battues (oui au collier electronique) ........
Je vous comprends mme A. GOURGUES ,on s'est vu il y a longtemps ,
mon amie de travail ...a vecue un enfer ...sa petite fille...toi tueur né tu est libre maintenant ;
Conaissant un peu mr DIONIS ,ce n'est pas cela ..Pas tous les politiques qui ont 1 blog prenant le risque de se faire critiquer . s''il y a des jeteurs de pierre par ambition politique , il peut y en avoir d'autres
POUR D'AUTRES RAISONS .

Comission STIGLITZ : PIB,consommation ? ,BIEN ETRE SOCIAL,SANTE
EDUCATION ...OUI . DAMIEN .on compte sur toi au parlement europeen; les ordoliberaux vers cet ordre naturel; société apaisée
pour le bien de tous ,libre concurence et fin des monopoles
( surtout public ) L'etat aura du mal a garder l'identité FR en soins
services public ;il y en a du malaise a venir ,je ne veux pas etre 1 virus du systeme ,mais 1 anticorps (vaccin ok mais parfois ? ,meme en politique :bcp d'ambivalance )

Monde de COMMUNICATION ,portable, internet ;ET LA PAROLE ?
Toujours + de rendements ,de pression ,meme pour les directeurs
chiffres a realiser ;ALORS REGARDE CELUI DE TA FAMILLE .DE TON ENTOURAGE ,QUI A UN COMPORTEMENT CHANGEANT ( .PERTE DE CONFIANCE ,SOMMEIL, APPETIT: voir signes depression ) et parles lui et AMENE LE A VOIR 1 MEDECIN
Dans le blog americain que j'ai trouvé interessant ,j'avais parlé de la vallee de la mort ,que j'avais traverse aux USA mais aussi durant 1 periode noire que tout le monde peut connaitre ,sans mon épouse ,ma fille et mon medecin ,je serais la bas ! comme la chanteuse qui chantait avec GOLDMAN : LA BAS
( Pour HOUSTON : message compris )

Prendre le recul...le social nuit au social...

Donner un avis à chaud peut reposer sur de mauvaises bases : le nombre de suicides à France Télécom est très légèrement inférieur à celui de la moyenne en France. Peut-on en conclure que pour une entreprise c'est beaucoup ou que finalement c'est dans la moyenne ?
Le suicide n'est jamais lié à une seule cause...et pointer du doigt les conditions de travail est tout aussi révélateur du désarroi de ceux qui peuvent s'exprimer, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de l'entreprise.
Beaucoup de choses ont été faites dans les entreprises. Peut-on en faire encore ? Le système français est assez pervers car les dépenses publiques sont, je vous le rappelle pour beaucoup des dépenses qui s'imposent. 54% de la création de richesses passe par les mains de l'état. Les entreprises qui délocalisent ou ferment sont autant de manque à gagner et que ceux qui restent se doivent de compenser. Ne sommes-nous pas allé trop loin dans ce système de prélèvement qui impose aux survivants de devenir de plus en plus compétitifs et donc d'exercer une pression sur l'ensemble des salariés et où les plus fragiles craquent ?
Trop de social nuit au social qui n'a pas été pérennisé!!! L'augmentation inconsidérée des charges et des impôts ces 25 dernières années est à la base des drames humains...et malheureusement, ce n'est pas fini. Nous n'en sommes qu'au début. Une faillite du système est à prévoir si nous ne réformons pas ce système.

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